Histoire 1411

La neige tombe, silencieuse et complice. Elle danse autour de moi, comme si elle savait tout ce que je n’ose avouer. Ce musicien, je l’ai pris. Arraché à sa route, ses projets. Un instant d’inattention, les phares allumés… et le voilà ici, avec moi, prisonnier de cette nuit enneigée.
Je devrais me sentir coupable, non ? Mais je ne peux pas. Ici, dans cette montagne, écouter sa musique n’est pas comme dans une salle de concert ou sur un disque. C’est intime, vivant, à moi seule. La neige et (…)

Mon étreinte sembla le rassénérer un peu. Je n’aurais pas su s’il était pétrifié de peur ou de froid. Se posait désormais la question de savoir s’il allait pouvoir jouer, non seulement parce que l’hypothermie lui coupait le souffle mais finalement parce que les tuyaux de sa cornemuse était obstrués par le gel. Il ne restait probablement plus beaucoup de temps avant qu’il ne tombe inanimé ; je décidai sans plus attendre de lui faire jouer des castagnettes.
Ainsi, ma créature, dans son plus (…)

Je l’ai ramené au chaud, dans ma tanière. La neige rend tous les sons ouatés. Nos pas, nos voix, nos corps dans cette petite pièce ou ronfle le poêle à bois. C’est une musique douce, tissée de silence. J’ai mis entre ses mains transies une tasse de thé brûlant et je le regarde fixement, mes yeux cherchent à percer son secret. Il regarde son thé ou ses pieds, je ne saurais dire... et soudain il relève la tête. Ses yeux sont si noirs, ils absorbent la pièce et la neige. J’ai l’impression (…)

Le froid, le froid de la solitude me sert la gorge ; quelquefois je tousse affreusement . J’ai vraiment envie de sortir de ce désert de silence blanc d’une musique vivante, avec laquelle je me sente en vie et ne supporte plus ce silence de mort ! Alors tant pis si ce musicien , comme un papillon de nuit s’est jeté sur les phares de ma voiture ! Moi je me jette sur lui, affamée de présence et de sons.Je n’ai plus de morale, je vais le dévorer jour après jour !

Interminable car en soi. Glaciale car remplie de doute. Le temps est long lorsque l’on se retrouve face à soi même. Perdue dans ses pensées elle ne se rend pas compte qu’un silence pesant s’installe. Elle s’aperçoit qu’il a arrêté de jouer. Que ce passe t il ? Pourquoi d’un seul coup ce silence ? Qui s’étend, s’étire, s’allonge, tant et tant qu’il fini par prendre tout la place, par devenir assourdissant. Le silence est tout dans la forêt et la neige est son amie. Elle écrase les bruits, (…)

Elle décida un jour d’emmener ce garçon jouer sous cette neige qui tombait lentement, qui avait l’air de penser, et les flocons tombèrent comme si le temps s’écoulait. Le jeune homme commença a jouer et elle fut emportée par cette douce mélodie et écouta sous cette neige douce ce que ce garçon jouait. Elle se sentit de plus en plus honteuse en entendant ce musicien de qualité jouer aussi merveilleusement. Elle voulu l’écouter jouer encore et encore sous ce froid glacial et long. Une pensée (…)