Ce n’était pas un accident. A cette époque Bébé ne connaissait pas encore assez de gros mots pour insulter Trucmuche correctement. Quand bien même elle en aurait connu, elle avait été trop sidérée par la méchanceté pour dire quoi que ce soit et s’était contentée d’avoir très envie de pleurer, aggravant la situation en essayant de retirer le chewing-gum à la main puis en cachette dans les toilettes. Elles se souvient des mèches collées entre elles, coupées au hasard avec une paire de ciseaux (…)
DLVAgglo
Rentrez dans la peau des auteurs des Apéros littéraires en poursuivant un extrait de leur roman qui vous est proposé en prologue.
Faites appel à votre imagination pour créer une histoire à plusieurs mains : chacun des 5 participants écrit un chapitre et laisse quelques indices pour le suivant.
A la fin, découvrez votre histoire originale sur le principe du cadavre exquis.
L’atelier se termine par l’édition de votre texte sous forme de petit livret, souvenir de votre passage au Festival des Correspondances 2025 et à la Médiathèque de Manosque.
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Prologue
9 août, par Louise Rose -
Prologue
9 août, par Julien DelmaireLa voix le plaqua contre le matelas, une voix marinée dans le formol et la cruauté. Entraves de cuir. Orteils nus contre le fer. Pupilles figées sur une grande lampe circulaire. La voix se lança dans une mise en accusation de son existence même, lui refusant d’avance le droit de se défendre, de plaider sa misérable cause. La voix énonça les tares de sa vie intérieure, les démons aux patronymes modernes qui le possédaient – Psychose, Paranoïa, Schizophrénie, tels étaient les noms des (…)
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Prologue
9 août, par Reine BellivierQuand il repart enfin, tu es soulagée un instant puis tu vacilles au bord du vide. Tu dois y contempler l’ennui terrible qui peut te guetter au crépuscule, quand un dégoût profond monte de la solitude et du silence avant de refluer. À chaque fois qu’il revient, tu retrouves ce sentiment de voir ton univers se resserrer et penses aux renards qui se rongent la patte quand ils sont pris au piège. Puis il repart vers son train, ses camarades, ses prisonniers. La tête te tourne quand les graviers (…)
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Prologue
9 août, par Gabrielle de TournemireQuiconque eût été présent ce jour-là, près du comptoir de ce café, aurait compris que quelque chose se jouait. L’un était en veston vert sapin, pantalon vert sapin, chemise blanche, tennis blanches, l’autre en jean, veste en jean et polo. Vert sapin celui-là aussi. Assis côte à côte, ils ne parlaient pas. Ils attendaient qu’arrive leur commande, puis ils attendirent qu’elle refroidisse. On eût dit qu’ils avaient du temps à tuer, mais rien à se dire, ou alors tant à se dire que rien ne sortait.
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Prologue
9 août, par Robin WatineLéna se tourne vers moi. Elle a bien vu que j’étais en train de fixer le pli de son maillot entre ses jambes, mais ça a pas l’air de lui poser problème puisqu’elle me sourit même avec son air malicieux.
-- Tu veux que je te dise un secret ? elle me demande.
Ça a pas dû arriver souvent dans l’histoire de l’humanité, je me dis, que quelqu’un réponde non à cette question, et j’ai presque envie de le faire vu comment je sens que c’est surtout elle qui a envie de me le dire, son secret. -
Prologue
9 août, par Lola NicolleBourgas a mauvaise dentition. Les rues, les pavés : défoncés. En sortant de l’hôtel, Vincent longe une voie aux immeubles bas. Les rez-de-chaussée sont percés de boutiques minuscules aux façades éprouvées. La ville un peu fade emprunte des airs de bonheur – il y a la mer, les mouettes et les touristes, les bouées en plastique, les cartes postales. Mais à l’est du très vieux continent, on 19 sent surtout une histoire rigide et contenue ; Bourgas est un port moderne, développé à marche forcée (…)
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Prologue
27 juillet 2024, par Jérôme FerrariJe voulus rentrer chez moi pour annoncer la nouvelle à mes parents mais il insista, au prétexte que le magasin des souvenirs se trouvait sur le chemin, pour que nous passions d’abord chez, je le cite, “la vieille pute”, affectueux surnom dont il avait affublé sa grande-tante et qui scandalisait ma mère aux yeux de laquelle le fait qu’Eugénie Romanie fût bel et bien, sans le moindre doute et dans tous les sens possibles du terme, une vieille pute ne justifiait pas que son propre neveu, sans (…)
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Prologue
27 juillet 2024, par Daniel FohrQuand la fureur de Jad-bal-ja souffla sur le Parc, les quelques animaux auxquels la chaleur n’avait pas ôté la force de s’exprimer se turent et, à l’exception des serpents sourds, tout ce que l’établissement comptaient d’hôtes s’arrêta à cet instant de marcher, de gratter, de mastiquer, de ronger, de chanter, de riper, de caqueter, de ronfler, de parler, de rendre la monnaie, d’essuyer des tables ou de remettre de l’ordre dans le présentoir à cartes postales. Passé ce moment de sidération (…)
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Prologue
27 juillet 2024, par Claudie HunzingerSeulement de la neige.
La seule chose dans cette histoire qui me soit familière, c’est la neige.
On dirait qu’elle tombe pensivement.
Qu’elle pense.
Comment entrer dans ses pensées ? Nous pourrions faire alliance, ce soir, la neige et moi.
[...] Ecouter ce garçon jouer sera tout à fait autre chose qu’un CD. Ou qu’un récital parmi des connaisseurs cultivés. Ou coincé dans le public plus ou moins attentif de la grande salle d’un festival d’été. Est-ce que je devrais me sentir honteuse (…) -
Prologue
27 juillet 2024, par Eliot RuffelL’épicerie est tenue par un mec et j’ai vite compris que pour lui son commerce c’est son essence, que ça lui permet d’avancer encore sur quelques années, que sans lui il serait un peu perdu. Il y a deux épiceries en ville, dont une qui ferme souvent, qu’on voit rarement ouverte après 18 heures et qui doit servir à blanchir quelques liasses par-ci par-là. C’est ce que nous raconte Mo, le mec qui tient l’épicerie. Comme tous les soirs, il commence en racontant que c’est le Russe tout ça, avant (…)