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lechatdeschrodinger

"Fragile, manipuler avec précaution"

c.linguagrossa@villagillet.net

samedi 24 mai 2014

Elle se figea un instant, hésita : si elle ne bougeait pas, si elle ne faisait aucun bruit, auncun mouvement, peut-être penserait-on qu’il n’y avait personne, et l’importun passerait son chemin. Elle le faisait souvent, en fin d’année, à l’époque du calendrier des postes à chatons et paysages mièvres des quatre coins de la France, à ce moment des fêtes où les pompiers eux aussi font leur grande tournée des chaumières, leurs casques lustrés comme les cuivres d’un orchestre un soir de première.
Le deuxième coup de sonnette, impatient, sec, retentit comme un impératif. Le visiteur, quel qu’il soit, avait sans doute entendu la fenêtre claquer et le bruit de la chaise déplacée pour aller la refermer.
Elle se leva, laissant le pinceau planté dans ses cheveux - une manière d’indiquer qu’elle n’était pas d’humeur à recevoir.
 Bonjour-un-colis-pour-vous-une-p’tite-signature-s’vous-plait.
 Un colis ? D’accord... Merci."
Imperturbable, le type, dans son polo orange corporate, logo sur la poitrine, pantalon multipoches, lui tendait l’espèce de grosse calculatrice à écran tactile et le stylet qui lui permettrait de signer. Elle penchait la tête pour deviner l’adresse de l’expéditeur sur le paquet, que le livreur gardait bien coincé entre son bras et sa hanche, impatient de s’en défaire et de reprendre sa course aux destinataires à travers la ville. Elle griffona son prénom distraitement, le gars escamota l’appareil et lui tendit le paquet.
Il était de la taille d’une belle boite à chaussures, un peu lourd. Elle l’agita doucement, après avoir lu l’étiquette "Fragile, manipuler avec précaution". Le contenu était bien calé à l’intérieur : pas un bruit, le papier bulle remplissait son office.
Un oeil à sa montre : plus qu’une grosse demi-heure pour finir sa traduction. Elle était agacée d’avoir perdu du temps - bien peu, en fait, deux minutes à peine - et posa le colis sur la table basse, l’abandonnant avec dédain, comme pour le punir de l’avoir dérangée dans son travail. Le carton brun, ses codes barres et son contenu attendraient.

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