La révélation

J’avançais dans le palais, ne pouvant désormais plus faire demi-tour. Je ressentais le besoin de connaître mes racines, comme jamais jusque-là. Je sentais que l’enfant me suivait , ou me surveillait, je n’aurais su dire. Qui était-il ? Pourquoi s’intéressait-il autant à moi. Ce voyage que j’avais entrepris pour faire plaisir à ma mère, pour lui rapporter des nouvelles de la ville natale de ma grand-mère, se transformait peu à peu en quête à laquelle je ne pouvais me soustraire.
Les salles, qui s’ouvraient devant moi, disaient toutes le passé glorieux de ses habitants durant une époque qui l’était beaucoup moins. Elles semblaient vouloir conserver les espoirs infinis d’une révolution passée qui s’était terminée en une dictature terrible.
L’enfant s’était approché pendant que j’étudiais un portrait qui ressemblait furieusement aux traits de mon aïeule. Il me prit la main et tendit un doigt vers la femme sur le tableau. Elle devait avoir dans les vingt ans mais ses yeux et son regard me perturbaient. Ses yeux là, ce regard, je les avais tellement observés dans mon enfance. L’enfant se mit à parler en se touchant le buste. Je ne comprenais pas un mot. Pourtant, je saisis qu’il faisait un lien entre lui-même et cette jeune personne. Je me mis à scruter son visage. Je fus saisi d’un frisson en même temps que, de ma mémoire, remontait une photo qui se trouvait sur la commode de ma grand-mère. Moi, Vincent, à dix ans.
Devant ce même Vincent, toujours moi, désormais âgé de 30 ans, se tenait une copie conforme de celui que j’avais été.
Aucun doute possible. cet enfant et moi étions liés par le sang. Il fallait que j’en sache plus.