Le verre de l’amitié

Edmond essayait de mettre en ordre ses idées. Que faisait-il sur ce matelas pourri, aux relents de sang et de matières fécales ? Cela sentait la torture mais rien dans sa mémoire ne lui rappelait un évènement qui l’aurait conduit auprès de bourreaux. Pour autant qu’il le sache, son pays n’était pas en guerre, il ne se souvenait pas avoir commis de délit passible de telles horreurs, ni avoir mis les pieds dans un pays dictatorial. Où se trouvait-il ? Pourquoi ?
"Qu’est-ce que je fous ici", se questionna-t-il à nouveau.
Soudain, une décharge électrique se répandit dans tout son corps. Celui-ci se souleva, tendant les liens et lui déchirant les chairs. Il entendit une voix lui susurrer à l’oreille : "Alors Edmond, que penses-tu de ma petite séance de désensibilisation affective ? Ne t’avais-je pas dit que dans ma clinique psychiatrique, nous étions spécialistes de la gestion des émotions ? Tu n’aurais jamais dû t’approcher de Judith"
Subitement, lui revint en mémoire le visage de Sylvain, l’invitant pour une bière amicale dans le pub du coin, quelques minutes après qu’il ait quitté la belle épouse de son ami. Il pensait avoir été discret mais visiblement, il n’en était rien. A peine les lèvres trempées dans le verre, il s’était senti tanguer..."la peur de se faire prendre", avait-il pensé...puis ce fut le black-out !